La chapelle de Beaulieu

La seigneurie de Beaulieu

La seigneurie de Beaulieu, la plus importante de la paroisse, est mentionnée pour la première fois en 1400 et passe dans le domaine des ducs de Bretagne à la fin du XIVe siècle. En 1488, peu avant sa mort à Couëron, François II de Bretagne cède la seigneurie à Gilles de la Rivière. En 1590, la seigneurie appartient à Julien Charrette, le château est ensuite démantelé pendant les guerres de religion par le Duc de Mercoeur.  En 1624, la seigneurie est vendue à Gabriel de Trévelec, seigneur de Penhouët.  Il ne reste presque rien du château de Beaulieu aujourd’hui. En 1825, sur le cadastre, le bâtiment est qualifié de ferme.

 

La Chapelle de Beaulieu

La chapelle de Beaulieu a une origine ancienne, puisqu’elle était la chapelle castrale de Beaulieu, son existence est attestée en 1608. Le bâtiment qui existe aujourd’hui a probablement été construit tardivement à côté des vestiges de l’ancienne chapelle. La marquise de Trévelec a fait don de la chapelle à la mense épiscopale le 7 avril 1825. Elle a été placée sous séquestre par arrêté préfectoral du 13 décembre 1906. En 1911, par délibération municipale, elle est acquise par la commune de Couëron pour la somme de cent francs. Dans les clauses de cession figure l’obligation de « laisser subsister sur les terrains dits « maison de Beaulieu », la chapelle qui s’y trouve avec les tombeaux et autres monuments qu’elle renferme sans cependant être obligée d’y faire les dépenses d’entretien de réparation ».

 

En 1921, M de Trevelec demande la rétrocession de la chapelle et du calvaire de Beaulieu car «ces immeubles ne sont d’aucune utilité pour la commune» et que s’y trouve «le tombeau de ses ancêtres». Nous apprenons à cette occasion que la chapelle est en très mauvais état.

 

Cette demande n’a pas dû aboutir, car en 1931, le Conseil général refuse de subventionner la commune pour restaurer l’édifice car la faute lui en revenait entièrement suite à l’état de complet abandon dans lequel elle l’a laissé.

 

Cette chapelle est néanmoins intéressante d’un point de vue historique car elle contenait les stèles de la famille de Trevelec, dont l’une a été réalisée par le sculpteur De Bay.

 

Voici le jugement d’Emile Gabory, qui a visité les lieux en 1930 : « La chapelle par elle-même ne présente pas un grand intérêt, mais les deux tombeaux qui y existent méritent d’être conservés, l’un, surtout, signé de Bay, 1806, lequel renferme les restes de Gabriel Rose de Trevelec. De Bay avait été prix de Rome et il était sculpteur de talent. »

 

La ruine de la chapelle

L’édifice a subi d’autres outrages : en 1966, la chapelle est profanée. Voici le témoignage de André Gernoux : « C’est hélas absolument catastrophique, et l’on pourrait croire à un récent tremblement de terre : pierres tombales en plusieurs morceaux pêle-mêle, des statuettes éparses, les armoiries de même, et un trou béant indiquant que l’enfeu a été fouillé, profané. Aux fenêtres plus de vitres. Il est évident qu’il ne s’agit pas de fouilles archéologiques méthodiques, mais de regrettables pirateries. ».

 

En 1984, les vestiges des tombeaux ont été transférés à l’abri par des Couëronnais aidés des services municipaux. Ils ont par la suite été déposés à l’usine Tréfimétaux puis à la Gerbetière, maison d’enfance de Jean-Jacques Audubon où ils sont aujourd’hui encore conservés.