Église Saint Symphorien

L’église primitive

Le bourg de Couëron a une origine très ancienne puisqu’il est cité dans le cartulaire de Redon au IXe siècle. Il se développe au cours du Moyen-Age jusqu’à devenir une véritable ville avec un marché hebdomadaire, des halles couvertes et des foires annuelles.

 

Au cœur du village médiéval se trouve l’église, autour de laquelle convergent les routes du bourg.

 

L’église la plus ancienne dont nous ayons gardé trace est datée approximativement du XIIIe siècle, et fut souvent remaniée. En 1645, un porche est édifié devant le portail d’entrée pour aménager un ossuaire.

 

Il est aujourd’hui difficile, d’après ce seul croquis existant, de juger de son intérêt. Son volume extérieur la rapproche d’un édifice roman même si les arcs brisés de la façade rappellent que sa construction date du XIIIe siècle. On peut aussi remarquer la nef principale à forte pente reliée par quatre arcades à un bas-côté en appentis à gauche.

 

Les murs sont soutenus par des contreforts. Le clocher- tour de section carrée positionné à l’arrière s’insère dans le collatéral.

A l’intérieur, la toiture est en lambris de forme ogivale avec entraits et poinçons apparents.

 

Le porche, rajouté au XVIIe siècle, présente un style tout différent : par la forme de sa toiture, il parait baroque alors que ses pilastres et métopes rainurés sont d’apparence classique.

 

L’ensemble du bâtiment présente donc un volume réduit, tant en superficie (nef de 400 m²), qu’en élévation (12m43 au faîtage). Il s’intégrait bien au bâti dense du bourg de Couëron.

 

En 1859, Henri Faucheur, architecte mandaté par le conseil de fabrique juge sévèrement l’église : « Cette église dont la construction remonte vers le XIIIe siècle, n’offre rien qui puisse être signalé au point de vue de l’art. ». Il note en outre que la charpente de la nef et du clocher sont en très mauvais état. Puisque l’église est trop petite (elle ne peut accueillir que 933 fidèles alors que la population de la commune atteint 4493 habitants en 1854), la dépense de restauration « ne donnerait au culte aucune commodité nouvelle ».

 

Quelle nouvelle église ?

Au XIXe siècle, la France vit sous le régime du Concordat, la construction des édifices cultuels paroissiaux incombe donc aux communes.

 

La ville de Couëron fait alors appel à Gustave Bourgerel, diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris, architecte du département de Loire-Inférieure. Il est l’architecte de l’Hôtel de la préfecture et du Musée d’histoire naturelle de Nantes, des sous-préfectures de Paimboeuf et Ancenis, ainsi que des églises de Vue et Sainte Claire de Nantes en plus de nombreuses maisons individuelles et hôtels particuliers dans cette même ville.

 

Bourgerel propose successivement plusieurs projets à la ville. Ils sont conservés aux archives municipales de Couëron.

Le premier propose une restauration de l’ancien édifice avec une mise au goût du jour néo-gothique. N’oublions pas que la basilique Saint Nicolas de Nantes, l’une des premières églises néo-gothique de France, était en construction depuis 1844.

L’architecte propose en 1867 un nouveau projet en forme de croix latine avec une haute nef et deux bas-cotés. Le clocher, placé à l’arrière, est très haut lui aussi.

 

Il dessine ensuite un petit croquis qui ressemble à la fois à Saint Nicolas et à Saint Hermeland avec, cette fois-ci un clocher-porche à l’avant qui rompt avec la morphologie de l’ancienne église.

 

En 1872, la vieille église est finalement démolie. Le bâtiment provisoire en bois et sa couverture en carton enduit n’était pas prévu  pas prévu pour tenir longtemps.

La nouvelle église

Construite entre 1873 et 1875, l’église tranche par sa composition, son style et sa hauteur, avec l’église primitive. Son implantation modifie considérablement la topographie du cœur de ville. L’ensemble monumental rappelle sans aucun doute la basilique Saint Nicolas de Nantes ou l’église Saint Hermeland de Basse-Indre.

 

L’église Saint Symphorien est organisée selon un plan en croix latine orienté vers l’est et présente quelques éléments de décor puisés dans différents styles architecturaux, pour alléger ou égayer sa composition.

 

Le portail d’entrée présente un arc roman soutenu par des colonnettes aux chapiteaux corinthiens. La frise représente les douze apôtres et des archanges sculptés en bas-relief. Certaines voussures de l’arc sont décorées de motifs végétaux et géométriques. Le tympan présente une croix grecque en céramique blanche sur fond bleu qui vient apporter une touche de couleur à la façade. Sur le linteau, une croix grecque est également sculptée. Les décors et chainages d’angles sont réalisés en calcaire, alors que la maçonnerie est en moellons. Les entrées des bas cotés sont traitées dans le même esprit que le portail principal et sont surmontées de pinacles.

 

Le clocher n’a été construit qu’en 1894. Centré sur la nef à la manière des clochers-porches édifiés dans la région, il domine la ville. Sa grande hauteur se compose de plusieurs niveaux. Les niveaux supérieurs sont percés de chaque côté par trois étroites ouvertures plein cintre. Quatre chaires situées aux angles supérieurs abritent des statues. Au-dessus, un niveau arbore une décoration plus importante avec une arcature aveugle surmontée de frises géométriques. La toiture est animée par des lucarnes pointues prennent appui sur des visages humains sculptés.

 

Sur les autres côtés, les murs en moellons contrastent avec les encadrements en calcaire et chainages d’angle en béton. Le corps principal du bâtiment, soutenu par des contreforts, est régulièrement percé de baies et oculi qui apportent l’éclairage nécessaire à l’intérieur de l’édifice. C’est ici qu’apparait le plus clairement la date de construction de l’édifice : les formes sont héritées du Moyen-âge mais les techniques de construction datent de la fin du XIXe siècle.

 

Le chevet donnant sur la place Ferdinand Buisson impressionne par la hauteur et la verticalité de ses ouvertures. Les deux sacristies de hauteurs différentes, apportent une note d’originalité dans la composition symétrique de l’ensemble.

 

L’intérieur de l’église

L’intérieur de l’église est couvert par des voûtes en croisée d’ogives typiquement gothiques. La nef, offrant une belle vue sur les vitraux du chœur, bénéficie de la grande hauteur du bâtiment.

 

L’intérieur présente une belle lumière due aux vitraux relativement clairs, aux nombreux oculi et aux murs enduits au délicat décor peint.

 

L’église Saint Symphorien ne date que de la fin du XIXe siècle, et pourtant elle abrite des vestiges beaucoup plus anciens provenant de l’abbaye Notre-Dame de Buzay à Rouans, très puissante au Moyen-Age. Au XIIe siècle, elle a contribué aux premiers aménagements du marais de la Musse situés paroisse de Couëron !

 

Elle est détruite en 1794 et son mobilier dispersé dans des lieux de cultes de la région : le maître autel à Paimboeuf, la chaire à Bouguenais, une des cloches à Carquefou… Couëron hérite des stalles et d’une statue, à l’origine toutefois plus incertaine.

La statue de la Vierge à l’enfant du XVIIe – XVIIIe siècle représente Notre-Dame de Bon Secours. Elle a été trouvée en Loire vers 1794.

 

Les stalles installées dans le chœur, sont datées de la fin du XVe siècle. Elles sont remarquables par leurs sculptures représentant des visages humains ou des motifs végétaux et sont classées au titre des Monuments historiques.

 

« Détruite en 1794 par un incendie, l´abbaye devint une carrière tandis que le mobilier était, au mieux, disséminé dans toute la région. Le Musée Dobrée, à Nantes, conserve quelques statues provenant de cette abbaye. Les quelques stalles restantes ainsi que deux jouées furent remontées dans le chœur de l´église Saint-Symphorien de Couëron lorsque celle-ci fut reconstruite en 1872-1875. Le style est tout à fait différent des autres ensembles bretons et fait plus penser aux stalles de l´ancien duché de Savoie. Le traitement des visages de saint Pierre et saint Paul sur les jouées hautes, ainsi que les plis de leurs vêtements sont, en effet, proches, par leur hiératisme notamment, des stalles savoisiennes. Les miséricordes représentent essentiellement des motifs végétaux très différents les uns des autres. Une seule miséricorde possède une sculpture figurative. Située côté nord, elle représente la tête d´un homme vu de profil et crachant ou avalant une longue feuille. On reconnaît ici le thème très populaire du silvanus. Les appuie-main ont pour sujet des prophètes et des anges tenant des instruments de la Passion. Cependant, sur plusieurs de ces appuie-main, on constate que des têtes d´anges ont été remontées sur des corps de prophètes (côté sud). L´ensemble pourrait dater de la seconde moitié du XVe siècle, mais rien n´indique quel était le nombre originel de stalles.»

 

 

Carnet de balade : centre-ville de Couëron,

 

Jeux de piste numérique : Au cœur de la Ville